Coronavirus frappe aux portes de la France et pénètre sans y être invité. Des patients à Paris et Bordeaux ont été placés en isolement vendredi après avoir été contaminés par le virus chinois.

Jusqu’ici, la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, s’était montrée rassurante quant à une potentielle introduction du virus chinois 2019-nCoV en France. 

«Le risque est faible mais pas exclu», avait-elle assuré mardi. Après des séjours à Wuhan, ville berceau de la maladie, deux cas suspects s’étaient d’ailleurs«révélés négatifs».

Les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), laquelle a estimé jeudi qu’il était «trop tôt pour déclarer une urgence de santé publique de portée internationale», allaient dans le même sens.

Mais vendredi soir, la ministre a confirmé l’existence de deux cas dans l’Hexagone. Le premier, originaire de Gironde, est âgé de 48 ans. Il a consulté pour des symptômes le 23 janvier, après être revenu de Chine en passant par Wuhan pour le travail. 

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Coronavirus en Chine : où en est l’épidémie ?

«Il est hospitalisé depuis hier à Bordeaux, dans une chambre isolée. Il a été en contact avec une dizaine de personnes depuis son arrivée», a indiqué Agnès Buzyn lors d’un point presse.

Le deuxième infecté, détecté à Paris, a pour sa part été mis à l’isolement à l’hôpital Bichat, dans le 18e arrondissement. «Nous savons que cette personne a voyagé en Chine, mais nous ne savons pas si elle a séjourné à Wuhan», a précisé la locataire de l’avenue Duquesne.

En fin de soirée vendredi, le ministère de la Santé a annoncé qu’un troisième cas avait été confirmé dans la capitale. Ce «proche parent» du patient parisien a également été placé en isolement.

Coronavirus en France

Le meilleur moyen d’étendre une maladie, c’est d’aller directement aux urgences, où vous serez en contact avec les autresYazdan Yazdanpanah, chef du service des maladies infectieuses à l’hôpital Bichat

Moins sûre d’elle que deux jours auparavant, Agnès Buzyn a admis qu’il est désormais «probable qu’il y ait d’autres cas en Europe».

Et d’ajouter:«Il faut traiter une épidémie comme on traite un incendie, très vite repérer la source» et le «circonscrire le plus vite possible».

Pour les services de santé, l’objectif est désormais de «remonter l’histoire de ces patients positifs de façon à rentrer en contact avec les personnes qu’ils ont croisées», a rappelé Buzyn.

Cette dernière a avancé que la période d’incubation du coronavirus serait «autour de sept jours, entre deux et douze jours».

Les personnes avec qui les patients infectés ont été en contact ont été invitées à prendre leur température plusieurs fois par jour, contacter le centre 15 en cas de symptôme et rester chez elles.

Le passage aux urgences est vivement prohibé.«Le meilleur moyen d’étendre une maladie, c’est d’aller directement aux urgences, où vous serez en contact avec les autres», analyse Yazdan Yazdanpanah, chef du service des maladies infectieuses à l’hôpital Bichat.

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Du côté des services de santé, l’épidémie internationale du syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) en 2002-2003 est dans toutes les têtes. Cette maladie avait touché près de 8 100 personnes, en tuant 774.

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«Depuis cette période, on a changé notre façon de travailler. Des infrastructures ont été mises en place, des gens ont été formés, on fait des exercices régulièrement. À Paris, l’hôpital Bichat et la Pitié-Salpêtrière sont spécialisés dans ce genre d’infections», confie Yazdan Yazdanpanah, aussi directeur de l’Institut de l’infectiologie à l’Inserm.

Selon le professeur, de nombreux appels ont déjà été enregistrés par les centres 15 en France et dans les hôpitaux parisiens.

En interne, des consignes de vigilance ont été adressées aux personnels de soin.«C’est du sérieux, on a une vraie épidémie, mais le risque de propagation reste très faible en Europe et en France», tempère l’expert.

Agnès Buzyn, elle, s’est voulue presque résignée vendredi, constatant qu’il était impossible de contrôler les multiples voies pour revenir de l’Empire du Milieu. 

«On voit bien la difficulté dans un monde comme le nôtre de fermer les frontières, ça n’est en réalité pas possible .»

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